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Libération
Critique

Hôtel du Nord, atmosphère.

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De mystérieux billets chinois troublent les fantômes de la Catalogne franquiste.
publié le 13 octobre 2005 à 4h04

Un jeune garçon vient de voir le Troisième Homme au cinéma avec ses parents. A la sortie, il les regarde, «dansant au milieu de la rue au son d'une musique inconnue que tous les deux fredonnaient sous la lumière jaunâtre des becs de gaz (...) sur les pavés luisants». Le roman va s'agréger autour de cette image comme la nacre autour d'un grain de sable, chaque scène, chaque événement lui seront confrontés. L'histoire se passe dans le nord de la Catalogne, mais tout y évoque l'atmosphère de la Vienne de l'après-guerre, la ville dans laquelle, en 1949, Carol Reed a filmé Alida Valli et Orson Welles dans une histoire d'espions, de trafiquants et de mensonges. Ecrit en 2001, Parle-moi du troisième homme baigne dans l'atmosphère et la lumière des films noirs de cette époque. Les amours, les trahisons et les meurtres y sont entraperçus, on n'est jamais sûr du témoignage de ses yeux. Le récit est donné avec le recul du temps, comme un souvenir où l'histoire est un peu confuse mais le décor très net, celui d'un hiver très froid, très noir, il fait nuit au milieu de l'après-midi, la rue est éclairée par la réverbération de la neige, la lumière qui sort des fenêtres et celle qui tombe des réverbères, les couleurs ont la qualité rare et sombre des journées d'hiver, du sang sur une veste, des guéridons de marbre noir.

Au fin fond des Pyrénées, «la garnison du Nord était un lieu de passage, comme le sont les salles de cinéma, les gares (...), c'était un monde hors du monde, protégé par les