Que la société, organisée en droit et soumise aux lois, devienne un corps politique semble aller de soi, la tradition n'ayant cessé de charrier cette idée. Platon, déjà, fixait l'analogie entre le corps social et le corps naturel, la structure de l'Etat et celle de l'âme humaine. A la «tête» de l'Etat, là où siège la raison, se trouvent les philosophes, dans la «poitrine», où est le courage, les guerriers, dans le «ventre», où sont les appétits, les «producteurs», le «peuple», artisans, agriculteurs, commerçants. Aussi, de même qu'on peut sérier les individus d'après des «typologies» caractérielles, selon que domine en eux la raison ou la passion, le flegme ou le «sang», de même peut-on classer les formes d'Etat en fonction de la domination de l'élément rationnel (aristocratie), du courage (timocratie) des appétits et des désirs (démocratie, tyrannie, oligarchie...). Giambattista Vico, lui, appliquait l'analogie au procès historique lui-même : telle une personne, l'histoire a son enfance, son adolescence, sa maturité, passe de l'âge des dieux à l'âge des héros et à l'âge des hommes, des «sens» à la fantasia et à la raison, des gouvernements monarchiques fondés sur la crainte des dieux aux aristocraties et aux républiques «populaires»... mais, parfois, recule au lieu d'avancer, stagne, a des crises de croissance, «retombe en enfance». Des sociétés, des Etats, des régimes politiques, on peut donc dire tout ce qu'on dit des individus : qu'ils «poussent» normalement, se portent
Critique
Quand la démocratie consulte
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par Robert Maggiori
publié le 13 octobre 2005 à 4h04
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