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Libération
Critique

Dolto, séance tenante.

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Une correspondance alerte qui fait renaître un demi-siècle de théorie et de pratique.
publié le 20 octobre 2005 à 4h09

Qui était Françoise Dolto ? Tous les Français âgés de 17 à 77 ans ont entendu parler d'elle (Dolto est morte en 1988). Presque tout un chacun l'a en effet au moins une fois écoutée sur France Inter répondant aux questions des auditeurs, ou entr'aperçue à la télévision (son passage à Apostrophes en 1987 avait fait un tabac), ou encore acheté un de ses livres qu'on trouvait jusque dans les gondoles des supermarchés. De la même manière qu'une génération de petits Américains a été élevée grâce aux conseils du bon docteur Spock, la plupart des actuels ex-enfants français ont été plus ou moins «doltoïsés». Mais le barnum parisien des années soixante-dix/quatre-vingt, à l'évidence a fait de l'ombre tant à l'oeuvre théorique de la psychanalyste qu'à la personne elle-même, elle qui a vécu une histoire humaine et intellectuelle exceptionnelle. Cette demi-vie de correspondance écrite ou reçue entre sa trentième année et sa mort (magistralement présentée et annotée dans cet ouvrage par Muriel Djéribi-Valentin) comble ce vide de manière passionnante. Cette somme (712 lettres) se lit comme un roman et intéressera non seulement les fans de Dolto ou les férus d'histoire de la psychanalyse, mais aussi tous ceux qui sont intéressés par notre préhistoire proche : celle de l'histoire des idées et de la vie de la société civile au cours de la seconde moitié du 20e siècle.

Au moment où, victime peut-être de la place trop importante qu'elle a prise (ou qu'on lui a attribuée), la psychanalyse suscit