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Libération

A prix d'amis

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publié le 3 novembre 2005 à 4h23

Ça y est ­ joie, bonheur, extase ­, ils sont de retour, tous ces prix aux noms de brasseries et de petits commerces : Flore, Wepler, Goncourt. La grande quinzaine du poireau et du chou-fleur est ouverte. La vie intellectuelle et maraîchère connaît son apogée annuel, tandis que mille petits fours explosent dans le ciel. Il faudra désormais jouir de chaque instant.

Ce jeudi, c'est le Goncourt, on y sera. La semaine dernière, c'était le prix Décembre, on y était. Quelle belle réception ! Cela se passait dans un salon de l'hôtel George V à Paris, si chic avec ses dorures, ses lambris. Il y avait plein de belles dames et de beaux messieurs. Du champagne, oui, mais aussi de la bisque de homard servie tiède dans de ravissantes timbales en porcelaine. Veillons toutefois à ne pas tout mélanger. Le prix Décembre est l'anti-Goncourt, c'est le prix qui défie tous les autres : il a été créé en 1989 pour «récompenser en toute indépendance une vraie littérature d'aujourd'hui». Ce n'est pas une de ces pantalonnades qui nuisent tant à la littérature. Non, ici les jurés sont des rebelles, des insoumis. Ces avocats de «la vraie littérature», il faut tous les citer : Philippe Sollers, Frédéric Beigbeder, Pierre Bergé, Jérôme Garcin, Arnaud Viviant, Michel Crépu, Dominique Noguez, Patricia Martin. Comme on est loin d'une petite coterie parisienne !

Cette année, ils voulaient organiser leur réception au McDonald's de Sarcelles, où leurs vrais amis les auraient suivis. Mais il paraît que c'était déj