Menu
Libération
Critique

Une mort violente.

Article réservé aux abonnés
Il y a juste trente ans, Pier Paolo Pasolini était assassiné à Ostie.
publié le 3 novembre 2005 à 4h24

Le studio est tout de bleu éclairé. Le fauteuil dans lequel il est assis se découpe en ombre chinoise. On devine à peine sa silhouette. Quand la lumière se fait, et cesse la musique dramatique, c'est un visage inconnu qui apparaît. A l'époque, il avait 17 ans. Il en a aujourd'hui 47. Il parle en dialecte romain, sa syntaxe est approximative. Il dit que son passé l'empêche encore maintenant de vivre normalement, qu'il ne trouve que des petits boulots ou du travail au noir, que, pour de menus larcins, il est entré et sorti de prison plusieurs fois. C'est le samedi 7 mai 2005. Sur Rai 3, la journaliste Franca Leosini présente «le ombre del giallo». Elle sait tenir un scoop retentissant, et pose plusieurs fois les mêmes questions à son invité, pour l'obliger à être le plus précis possible. Pino Pelosi, dit «Pino la grenouille», fait ses révélations : «Je ne suis pas l'assassin de Pasolini.» Et il accuse trois personnes, sans donner un nom, trois jeunes «avec un accent du Sud», calabrais ou sicilien, venus à bord d'une Fiat 1 500 immatriculée CT, Catane. «Ils l'ont massacré, l'ont frappé à terre sauvagement, en criant "dégueulasse, enculé, sale pédé, sale communiste", pendant plus d'une demi-heure.»

Partout dans le monde, on célèbre aujourd'hui, par des colloques, des expositions, des projections, des festivals, le 30e anniversaire de la mort de Pier Paolo Pasolini, le réalisateur, le scénariste, le poète, l'écrivain, le dramaturge, le sémiologue, le philosophe, le théoricien de l