Il y a comme une odeur de sainteté au rez-de-chaussée. Et puis un aimable sale gosse au sixième étage de l'hôtel. Il dégaine un petit appareil numérique dont ses livres fourniraient la marque. «Hello !» Photo. «Bye !» Photo. Le geste est nonchalant, presque mécanique, il ne trahit aucune marque d'intérêt. Bret Easton Ellis attrape tout ce qui passe dans son décor : journalistes, attachés de presse, happy few, dévots, verres de champagne, maître d'hôtel ou fans impatients. Il montre sur le plasma un souvenir de Milan, une séance de signatures quelques jours plus tôt. 800 personnes. Foule en attente et regards convergents. «C'était angoissant tous ces gens dans ce putain de magasin. Je prenais des photos tellement j'étais nerveux.»
Il a dit nerveux. Il n'a pas dit heureux. Son jouet est un écran entre lui et les autres. Il effacera probablement tous ces inconnus en rentrant chez lui.
Avant d'en partir, il était occupé à grandir. «J'étais sur le point de devenir un homme de 41 ans. Et puis cette tournée de promo a commencé. On me réveille, on me nourrit, on me materne, on me transporte, on me maquille, forcément je régresse.» L'auteur adulé ou détesté, parfois plagié, d'American Psycho et de Glamorama publie son sixième roman, Lunar Park, ou l'histoire d'un certain Bret Easton Ellis, écrivain à la gloire immédiate, plongé dans l'acide de la célébrité, du luxe, de l'alcool et de la cocaïne, qui tente de se ranger, avec femme et enfants, en banlieue chic, modèle de vie américaine e