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Comment faire un best-seller en Amérique avec les recettes du réalisme socialiste: la méthode de Dubravka Ugresic.
publié le 10 novembre 2005 à 4h30

Ce livre qui n’est pas un livre s’ouvre par une phrase de Joseph Brodsky. «I sit at my desk,/ My life is grotesque». On découvre assez vite que c’est à peu près ce que Dubravka Ugresic pense de son statut d’écrivain, voire d’être humain. Ce livre se situe entre deux pôles. D’un côté, Joseph Brodsky, un écrivain qui occupe l’intimité littéraire de Dubravka Ugresic (on l’avait croisé dans le Musée des redditions sans condition, 2004). De l’autre, l’actrice Joan Collins qu’on voit, royale, inaugurer la Foire du livre de Londres, en tailleur Chanel rose et voilette assortie. A moins que ce ne soit sa soeur, l’écrivain Jackie Collins, dite «le Proust de Hollywood». Entre ces deux pôles, «le livre», «l’écrivain» et quelques autres notions dont Ugresic explore les contours variables dans des essais écrits entre 1996 et 2000.

Ecrivain et universitaire née en 1949, Ugresic est partie de son pays, la Croatie, en 1993, après avoir été déclarée «ennemi public». Elle a depuis endossé, bon gré mal gré, plutôt mal, le statut d'écrivain est-européen en exil dans le monde occidental, et en particulier aux Etats-Unis. De cette place, elle construit une sorte d'ethnologie de l'industrie américaine du livre, en investigatrice qui arrive réellement d'un autre monde.

Elle s'émerveille de tous ces livres (Ecrire des dialogues, Créer les émotions des personnages, Ecrire et vendre des romans chrétiens) qui permettront à leur tour d'écrire d'autres livres, d'accoucher du best-seller que chacun porte en