Enarque détourné vers la littérature, en 1959, par René Julliard, Christian Bourgois se flatte d'avoir «toujours été un éditeur libre». Mais «ce qui compte, dit-il aujourd'hui, ce n'est pas la liberté, c'est l'indépendance». Fondée en 1966 au sein du groupe des Presses de la Cité et devenue indépendante en 1992, sa maison va avoir quarante ans. Un anniversaire célébré, ce mois-ci, par une exposition au Centre Pompidou (voir ci contre) et, en mars prochain, par le lancement d'une collection de poche baptisée «Titres». L'annonce de cette nouvelle collection «en propre» (dont une soixantaine de libraires ont eu, hier soir, la primeur) est une surprise. D'une part, parce qu'on s'attendait à voir le label Bourgois s'incorporer à la relance des «Points-poche» que devrait prochainement présenter le groupe La Martinière/le Seuil. Et, d'autre part, parce que cette initiative éditoriale réveille des échos mémorables.
Bourgois, dans le domaine du poche, c'est une collection phare : 10/18. Christian Bourgois l'a tellement marquée, pendant plus de vingt ans, qu'il en passe couramment pour le fondateur. En fait, elle avait été créée en 1962, par Paul Chanterel et Michel-Claude Jolard. La reprenant en 1968, dans le cadre du groupe de la Cité, Bourgois allait complètement en changer le contenu et l'image, remaniant couvertures et catalogue : l'air du temps s'y engouffre avec le vent de Mai. Avec sa femme Dominique (qui est sa collaboratrice depuis 1970), Bourgois publie aussi bien Marx, Trot