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Critique

Comme dit ma femme

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Délaissant la mélodie de l'amour pour son accompagnement, Alain Frontier donne un catalogue des phrases burlesques qu'on prononce dans le couple.
publié le 17 novembre 2005 à 4h36

«C'est bon, un loukoum, de temps en temps», déclare Marie-Hélène Dhénin le lundi 21 mars 1983 à 20 h 58. Mais elle ne s'arrête pas là. Le samedi 6 août de la même année à 13 h 45, soit 89 pages plus tard, elle dit aussi : «Tiens, je te donne ton oeuf. Tu veux que je te le coupe en rondelles ou tu t'en démerdes ?» Elle ajoute cependant à 14 h 02 : «Evidemment, je ne suis pas comme Restif de la Bretonne», car elle a lu des livres. D'ailleurs elle connaît plein d'excellents poètes en vie tels Hubert Lucot, Sylvie Nève ou John Giorno. Elle dit par exemple : «Je suis comme Giorno, j'aurais bien dormi jusqu'à midi», et c'est drôle parce que Giorno est l'acteur principal et unique du film Sleep d'Andy Warhol, où il dort pendant 321 minutes (1).

Comme autres poètes, elle connaît aussi Alain Frontier, vu que c'est son compagnon. Alain Frontier est accessoirement l'auteur chez Belin d'un Cours de langue grecque et d'une Grammaire du français. Il donne des consultations sur un de ses sites Internet (2) et ses amis lui posent des questions : «Nathalie Quintane nous écrit de Digne-les-Bains, Alpes-de-Haute-Provence, qu'elle a du mal avec "genre humain": est-ce qu'on peut dire qu'il s'agit d'un "syntagme figé", ou vaut-il mieux qualifier "humain", dans ce cas, d'adjectif de relation ?» Alain Frontier a une grande barbe, on le sait parce qu'il y a des photos de lui dans Portrait d'une dame. Quant à Marie-Hélène Dhénin, on ignore à quoi elle ressemble, vu que c'est elle qui a pris les photos