Au temps de Gutenberg, la théorie littéraire était une discipline très embryonnaire. Les presses étaient des outils fatigants à manier. La recherche avait d'autres chats à fouetter. C'était un peu tôt pour se prendre le chou sur des questions d'intertextualité. Notre approche des oeuvres s'est considérablement affinée depuis. Déjà, nous avons relu toute la littérature à la lumière de Freud, puis de Marx, puis de Tintin et Milou. Ensuite Barthes, Derrida et le gratin des sciences humaines sont allés porter l'analyse des textes à des hauteurs considérables. Et le meilleur resterait à venir. Dans le supplément dominical du New York Times (du 6 novembre), la planète stupéfaite vient de découvrir l'existence d'une nouvelle grille de lecture du roman. Une grille particulièrement spectaculaire, inattendue certainement, ultime sans doute : c'est roulements de tambour et pétards divers le DARWINISME LITTERAIRE !
Eh bien oui, toutes ces analyses politiques et sociologiques du texte romanesque ne valaient pas tripette . C'est à la lumière de la psychologie évolutionniste qu'il faut relire les classiques. La quoi ? Examinez simplement cette question : pourquoi passe-t-on tant de temps à lire des romans (et à en écrire) alors que, du point de vue de la perpétuation de l'espèce, il serait infiniment plus profitable de faire l'amour ou de s'occuper du jardin ? Quel avantage évolutif cette propension à la consommation et à la production de fiction peut-elle bien nous procurer ? Si la psy