Chez Christophe Merlin, auteur-illustrateur, pas tout à fait quadra, il y a des voitures et d'autres moyens de transports en photos, dessins ou 3D. Plutôt de ceux que l'on retrouverait dans un catalogue de collectionneurs éclairés ou de vieux magazines de jouets. Autant dire qu'il y a du voyage dans l'air de sa pièce-atelier, à proximité d'une gare aujourd'hui désaffectée. Mais aussi une impression d'intemporalité.
Lorsque nous l'avions rencontré pour la parution de son carnet de voyage, Saint-Louis du Sénégal (Albin Michel), nous avions compris qu'il établissait un lien étroit entre l'idée de partir et celle de rester. Dans Petit Pierre, on retrouve avions, moto, trains, camions, mais fixés sur l'axe d'un manège, comme une métaphore de l'imaginaire de cet aspirant pilote pris entre partance et immobilité.
Ses livres pour enfants (1), ou de voyages, sont traversés de personnages aux regards intenses, parfois hallucinés, souvent de biais. Il y a de l'activité (travailleurs musclés, visages en sueur) ; des chats et des oiseaux prêts à bondir ou à décoller. Il y a du mouvement et de la vie dans les expressions et la gestuelle bien marquées.
Ses dessins, on les aperçoit hors livres, qui, comme nombre d'artistes dans le métier, ne lui permettent pas de subsister, dans la pub, la presse, les affiches : actuellement sur la bâche de l'Opéra Bastille, illustrant l'Amour des trois oranges de Prokofiev.
Une autre contradiction : Merlin est aussi actif qu'il a besoin d'oisiveté. Dans un tra