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Libération
Critique

Coups de blues.

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Chassez le spleen, il revient au galop. Une kyrielle d'ouvrages sur la mélancolie, mal des siècles.
publié le 8 décembre 2005 à 4h52

Il n'y a pas de quoi rire, en effet. «Les cieux nous menacent de leurs comètes, (...) l'air nous inquiète, à cause de ses météores, de son tonnerre, de ses éclairs, de sa chaleur et de son froid excessifs. (...) Au Caire, en Egypte, 300 000 personnes meurent de la peste tous les ans, (...) les flots en furie provoquent des inondations, des éruptions, la destruction de villes, de cités, de ponts...» Le vicaire Robert Burton, maître ès arts et savant d'Oxford, l'écrivait il y a presque quatre cents ans, mais cela ne fait rien. On n'a guère réussi à sortir de l'auberge, depuis : «Ceux que le feu épargne, la mer les noie, ceux que la mer épargne, l'air pestilentiel les anéantit, ceux que la guerre ne tue pas, la maladie les emporte.» Un sursaut d'optimisme laisserait entrevoir la possibilité, pour l'homme, de se protéger de ce qui vient l'accabler. Hélas ! quand il parvient un temps à échapper aux foudres de la nature, il tombe dans les pièges qu'il tend lui-même, ou, pire, s'invente les outils les plus sophistiqués pour se torturer. «Le plus grand ennemi de l'homme, c'est l'homme, qui, poussé par le diable, toujours cherche à nuire ; il est son propre bourreau, un loup, un démon, pour lui-même et pour les autres.»

Idées trop noires, sans doute. Mais à les vouloir roses, on tombe dans un excès tout aussi peu crédible. «Le comble de l'absurde et du risible pour un humain est d'envisager que le bonheur lui appartienne une vie durant.» Il n'est rien de «si florissant et agréable» qu