Ayant combattu le nazisme, puis oeuvré avec enthousiasme à bâtir une Pologne communiste avant d'en être expurgé, Zygmunt Bauman n'est porté par nature ni à la panique ni aux regrets devant un monde qui s'écroule. Juif, officier de l'armée polonaise, puis sociologue en son pays jusqu'à 1968 et enfin à l'université de Leeds depuis 1973, il a vécu plusieurs vies, qui l'ont immunisé contre le pessimisme. A 80 ans, s'il continue à ne pas avoir peur des temps nouveaux, il est néanmoins inquiet sur les capacités des sociétés actuelles à leur faire face, au moment où le savoir et l'action semblent ne plus se connecter. D'où une impatience croissante et le sentiment d'urgence pour des solutions qui tardent, dont porte trace la Société assiégée, cinquième ouvrage traduit de ce grand sociologue de langue anglaise à l'influence de moins en moins discrète en France. Bauman paie peut-être encore d'avoir été rangé parmi les théoriciens post-modernes, alors qu'il ne fait que constater, sans trop de larmes il est vrai, l'effondrement de la modernité, mais sans se vautrer non plus dans les louanges du présent. Ce qui déroute, surtout, c'est la variété des écoles et la pluralité des maîtres dont il se réclame : Max Weber, dont la pensée l'a guidé dans sa sortie du marxisme, mais aussi Georg Simmel et Antonio Gramsci qui a rendu en rien honteux, rétrospectivement, les choix intellectuels et militants de sa jeunesse. Plus inattendu est en revanche chez lui le culte porté à Calvino et à Borges, b
Critique
Global contre global
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publié le 8 décembre 2005 à 4h52
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