Jean-Luc et Catherine Flohic avaient conçu et fondé les Editions Flohic. Les affaires ne tournèrent pas à leur avantage et ils se réfugièrent derrière une nouvelle enseigne, «Les Flohic» qui bientôt faillit elle aussi. Ainsi le phénix après s'être immolé renaît de ses cendres. Mais tous les phénix ne sont pas des aigles, et sous le nom d'Argol, les Flohic se donnent une nouvelle chance de redevenir éditeurs, avec une ligne éditoriale inchangée : ne jamais découvrir un auteur, il pourrait prendre froid, mais aller appâter à la promesse dans le nid des autres où les talents ne manquent pas (le nom même de la maison ne se mouche pas du pied, probablement emprunté à Julien Gracq et à son premier livre Au Château d'Argol, 1938). Mais, ne chipotons pas, les deux collections qu'Argol présente sont exemplaires du travail bien fait, qualité du papier, de la maquette et d'une bonne impression, elles s'inaugurent avec deux auteurs que nous aimons, Jacques Serena et Eric Chevillard.
L'an dernier Jacques Serena publia un roman qui aurait pu s'appeler les Fiévreuses si son éditeur n'avait su retrouver son titre véritable dans le péril d'un saut, l'Acrobate (Minuit). Ce roman dit un homme vacant, anxieux d'écrire et hanté par le goût qu'il a des femmes maigres, perdues, marginales, malheureuses, qu'il veut suivre, aimer peut-être, en tout cas photographier. Le livre touchait par sa truculence désespérée, il était mince et vibrant comme une fièvre, après qu'on l'eut défait de ses pages surnu