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Libération
Interview

Du pain sur la blanche.

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Stratégie éditoriale et gestion du fonds, crainte des concentrations excessives sur le marché du livre: entretien avec Antoine Gallimard.
publié le 5 janvier 2006 à 19h59

A la mi-décembre, Antoine Gallimard, qui préside aux destinées de la maison de la rue Sébastien-Bottin depuis 1988, a reçu, à Barcelone, le prix Atlantide, décerné par le Cercle des éditeurs catalans : un hommage à sa «trajectoire éditoriale» et à la façon dont il a su préserver et concilier le «caractère familial et le rayonnement d'une maison d'édition emblématique». A cette consécration hors frontière, nous racontait-il quelque temps plus tard avec le sourire, n'a pas manqué le rappel «qu'il faut toujours revendiquer le droit à l'erreur». Même à cette occasion, on a renvoyé ce Gallimard de la troisième génération au souvenir du refus opposé à Proust («toute ma vie, on va me le ressortir !»). Choix des livres, stratégie d'entreprise sur un marché français où la concurrence se raidit depuis la fusion avortée d'Hachette-Editis, la marge de manoeuvre reste délicate pour Gallimard. Le PDG aime à rappeler la constante dualité de son rôle : être à la fois «aux fourneaux et dans la salle de restaurant», et puis, pour user d'une autre métaphore, pratiquer «le pas du patineur», travailler sur la durée, par exemple avec la Pléiade (le contrat pour le volume poésie a été signé avec Aragon en 1980, et ne sort que cette année), repérer les nouveaux talents, signer des coups avec droits dérivés à la clé. Tout en veillant avec la prudence traditionnelle de la maison à l'élargissement de sa diffusion et de sa distribution. Retour, avec l'intéressé, sur une année 2005 marquée par le départ