C'est un poète hongrois. A 34 ans, il va se donner la mort. Il écrit un poème qu'il titre Ars poetica, le dédie à un ami et commence ainsi : «Je suis poète, mais bien peu m'importe/La poésie en soi ! le bel/Astre que le fleuve nocturne emporte/Ne montera au ciel./ Lentement, le temps s'en va, s'effiloche./ J'en ai assez du lait des contes.» Autre début d'une des poésies dernières : «J'ai perdu tout espoir qu'on me relève,/ La boue m'attire et je m'enlise en elle.» Son ultime poème vaut testament : «Voici qu'enfin j'ai trouvé ma patrie,/ Voici la terre où mon nom s'écrira/Sur mon tombeau sans qu'on me l'estropie,/ Qui veut m'enterrer qui m'enterrera.» Ultime quatrain fin novembre 1937 : «Le printemps, l'été sont beaux, qui le nie ?/ L'automne est plus beau : quand l'hiver est fait/Pour qui n'espère un foyer, la famille/Que pour autrui, mais pour soi plus jamais...»
Arrive décembre, donc. Le poète est sorti de la clinique où son délabrement psychique l'avait conduit. Ses soeurs l'accueillent dans une pension au bord du lac Balaton. Flora, sa dernière fiancée (il en eut une belle collection, les aima toutes à la vie à la mort, leur dédia des poèmes écorchés) vient le voir (elle épousera plus tard un autre poète, Gyula Illyès). Le 3 décembre au soir, il sort en disant (rapportera sa soeur Jolàn) : «Si je tardais, laissez la porte ouverte..» Il va vers la gare proche, un train de marchandise est arrêté. Attila Jozsef se couche sur le ballast entre deux roues, pose son cou sur le r