Originaire de Budapest, Giorgio Pressburger s'appelle aussi Bratislava, puisque Bratislava s'est d'abord appelée Pressburg. Dans l'Horloge de Munich, ce livret de famille littératuré, Budapest, Bratislava et toute l'Europe centrale parlent d'une même voix : elles disent les histoires de prophètes et de prolétaires, les mémoires de familles juives de Prague, de Bratislava... ou est-ce de Pressburger ?
Le narrateur descend de Heine, de Husserl, de Marx ! Sa famille a des choses à prédire. Passés les aïeux fameux, viennent les anonymes en pointillés. Et les histoires des uns valent soudain les oeuvres des autres. Le rabbin amoureux qui pactise avec Dieu pour sauver sa jeune femme. L'oncle Gustave glacial dont la fille, «une jeune femme très belle et joyeuse, était chanteuse de variétés et danseuse ; elle a fini ses jours dans un four crématoire». Celui qui, par un stratagème trivial, sauve les ornements de la Torah avec lesquels des SS frottent leurs bottes. Le petit chien Tzigane et sa maîtresse, le grand-oncle François et ses maîtresses. D'autres encore, «des gens aimant la vie, d'une humilité obscure et parfois insolente». Des petits héros, des héros relatifs que le microscope historique n'a pas démultipliés.
Giorgio Pressburger, né en 37, vit en Italie depuis cinquante ans. Homme de radio, de cinéma, de théâtre, d'opéra, il a écrit des livres et reçu des prix ; dont un, en Italie, pour l'Horloge de Munich, ce recueil de mémoires légendaires.
Nous parlant de son livre, Pressbur