Depuis son fameux article sur le genre dont la traduction en 1988 a inauguré la diffusion du concept en France, tout travail de Joan Scott est attendu comme un événement par les chercheurs de la différence des sexes. Ce fut le cas pour la Citoyenne paradoxale (Albin Michel, 1998), qui, quel que fût son indéniable intérêt, s'adressait à un cercle restreint de lecteurs. Rien de tel ici, car l'auteur s'inscrit dans les années 90, qui virent naître, se développer et aboutir, sur le plan législatif, la parité. Toutefois, on peut déplorer que le mot serve de titre à cette excellente étude : Parité ! Encore, diront les uns, rassasiés des débats et des études qui ont jalonné la marche du mouvement paritaire, dans ses avancées, ses détours, ses rencontres, ses attaques, convenues en provenance de la droite conservatrice, inattendues, lancées par des forces de gauche, d'extrême gauche et des féministes mêmes (Elisabeth Badinter). La parité ! Encore une histoire de femmes, diront les autres, peu, voire pas, interpellés par le sous-titre qui annonce la dimension de l'enjeu paritaire : l'universel et sa complexité. Au coeur de celle-ci : l'articulation entre l'universalisme républicain qui repose sur un individu abstrait et la différence des sexes qui, évidence tautologique, se réfère à des individus concrets et donc sexués, or l'appartenance au sexe féminin a inféré en France, des siècles durant, une exclusion du politique, comme le rappelle avec brio Joan Scott. Enfin, les spécia
Critique
Parité bien ordonnée.
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par Yannick Ripa
publié le 12 janvier 2006 à 20h02
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