La librairie espagnole est en train de changer de visage. Pour la première fois en 2005, plus de la moitié des ventes de livres de la péninsule auront échappé aux libraires traditionnels : 51 % des livres achetés par les particuliers l'auront été dans des grandes chaînes (Corte Ingles, Fnac ou Maison du livre), et dans les hypers et supermarchés (Carrefour, Alcampo, Eroski, Caprabo), annonçait récemment le quotidien catalan La Vanguardia. Pas encore inscrite dans les statistiques globales de la profession, cette évaluation résulte de la consultation des éditeurs, dont toutes les données coïncident. D'après le dossier signé par Xavi Ayen dans La Vanguardia, le Corte Ingles (chaîne de grands magasins généralistes dotée de 75 points de vente) détiendrait désormais 15 % du marché espagnol, devant Carrefour (10 % avec 140 établissements), et la Fnac (8 % avec seulement 12 magasins, mais une librairie en ligne ultraperformante, créditée à elle seule de la vente de 7 millions d'exemplaires). Encore, cette mutation n'en est-elle qu'à ses débuts, les chaînes espagnoles étant encore considérées comme embryonnaires. Le département livres de Carrefour, qui se proclame «leader» pour le livre de poche, connaît un rythme de développement de 20 % par an et a même atteint les 30 % en 2004.
Le pouvoir des chaînes leur permettrait déjà d'extorquer des avantages considérables aux éditeurs, sous forme de remises (pouvant atteindre 40 % du prix) ou d'extras divers : la Fnac, par exemple, aurait ai