On a toujours la crainte, face à un livre posthume, que l'auteur ait eu de bonnes raisons littéraires de ne pas le publier de son vivant. Cette inquiétude disparaît vite face à Chaque jour est un arbre qui tombe que publie aujourd'hui Verticales, trois ans après la mort de Gabrielle Wittkop dont c'est à coup sûr un des livres les plus émouvants. La vieille dame née en 1920 s'est suicidée à Francfort fin 2002 après une vie d'«homme libre» qui lui a valu d'être tondue à la Libération pour avoir épousé un Allemand (déserteur, cependant) et où elle a publié en 1972 le Nécrophile, texte où s'alliait déjà une écriture précieuse (au meilleur sens du terme) et un goût pour les thèmes les plus hardis. Verticales, qui a accompagné les dernières années de la vie d'écrivain de Gabrielle Wittkop en publiant ses nouveaux livres et rééditant ses anciens, diffuse dans son «organe palingénésitionnel» (son bulletin de janvier-février) ces phrases de l'écrivain : «Moi ? Ecrire ma biographie ? Mais vous n'y songez pas ! C'est comment dire ?.... Privacy.» Dans un avertissement en tête de Chaque jour est un arbre qui tombe, l'auteur s'exonère de toute «responsabilité morale et juridique» quant à une quelconque ressemblance entre ses personnages et des «personnes naturelles», soulignant, quant à cet auteur, qu'il «ne saurait d'ailleurs être identifié à l'un ou l'autre des personnages». Pourquoi le préciser si ce n'est parce que c'est faux ?
Le livre se présente comme le journal d'une femme, Hippoly