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Critique

La touche Tosches

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La vie et l'oeuvre d'Arnold Rothstein, financier des premiers trafics d'héroïne.
publié le 19 janvier 2006 à 20h06

Nick Tosches, connu jadis pour transformer de façon savoureuse l'érudition en bel arte, et transcender ses sujets les plus décourageants (Dean Martin, par exemple) par des fresques culturelles réellement originales, est de son propre aveu fatigué du petit jeu. Après le numéro de suicide littéraire que constituait In the Hand of Dante, il nous propose aujourd'hui la philologie et l'étymologie comme numéro de cabaret.

«Pourquoi j'écris ça, et pourquoi le lisez-vous? Qu'est-ce qu'on fout là? On devrait foutre le camp d'ici, sortir et vivre un peu.» Ceci page 311, avec beaucoup de blanc autour. Sur la première page, il prévenait, parlant du sujet nominal de King of the Jews, le portefeuille du vice Arnold Rothstein: «Je ne suis ici ni pour faire l'éloge de cette ville telle qu'elle vivait et respirait, ni pour chanter les louanges de cet homme. Mort c'est mort. Je suis ici ­ comme lui, comme tout le monde ­ pour faire du pognon.» Et de citer un acolyte de Rothstein, Louie the Lump.

Rothstein est une figure élusive du paysage new-yorkais du début du siècle, même s'il a laissé beaucoup de traces. «Le plus grand joueur qui ait jamais existé.» Le financier des premiers trafics d'héroïne du pays. L'argent derrière toutes les manigances de Tammany Hall, la machine municipale notoirement corrompue de Manhattan. Il figure dans deux films, de 1929 à 1961, joué par Spencer Tracy (Now I'll Tell, basé sur le livre de sa veuve, Carolyn Rothstein), et, plus désastreusement, par Ray Danton (Arno