Après la Propension des choses et le Traité de l'efficacité, le philosophe et sinologue François Jullien revient sur la question de l'efficacité. Cette fois de manière on ne peut plus concise et pédagogique : cette conférence était destinée à des chefs d'entreprise français. Toutes les voies sont bonnes pour ce coutumier du détour, qui n'a eu de cesse de travailler (et non de creuser) l'écart entre philosophie grecque et pensée chinoise, c'est-à-dire de faire passer de l'intelligible entre ces deux visions du monde. Le management n'échappe pas au besoin de dialogue. Et Jullien n'entend pas philosopher ex cathedra. L'«empirie» est une des originalités marquantes de sa démarche, comme le souligne Philippe Jousset dans l'ouvrage collectif Chine/Europe. Percussions dans la pensée à partir du travail de François Jullien : «Rien n'est étranger à la philosophie de ce qui intéresse l'homme.»
Retrouver du jeu, telle est l'entreprise. C'est la mise en mouvement, le «branle» cher à Montaigne. La dynamique est double : il s'agit de restituer quelque chose de l'hétérotopie qu'est la Chine en même temps que d'interroger notre propre pensée au prisme de cet «ailleurs loin de nos références». Abordant la question de l'efficacité, le philosophe rappelle ainsi où peut s'effectuer ce pas de côté : «Si l'on cherche une telle extériorité de la langue, on ne pourra la trouver en Inde, puisque le sanskrit est apparenté aux langues européennes ; et, de même, si l'on cherche une telle extériorité de