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Libération

Le sexe de La Tarentule.

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publié le 19 janvier 2006 à 20h06

Qui décide de ce qui est autobiographique dans une oeuvre littéraire ? On vient de voir dans cette chronique les cas des Petits textes poétiques de Robert Walser et de Chaque jour est un arbre qui tombe de Gabrielle Wittkop (respectivement, Libération 5 et 12 janvier) où le lecteur se plaisait à cette supposition que ce qui était écrit reflétait non pas l'état d'esprit de l'écrivain mais sa vie même, quoique celui-ci n'écrive rien pour le prétendre comme l'écrivain suisse allemand ou même qu'il le nie explicitement comme la vieille dame indigne aux allures d'homme libre. Le cas de Kathy Acker est encore différent. Elle cannibalise les autobiographies des autres pour en faire la sienne. L'écrivain américaine, née en 1947 et morte en 1997, a publié la Vie enfantine de La Tarentule Noire, par La Tarentule Noire, son premier roman, en 1973, après avoir inventé le personnage de La Tarentule noire qu'elle présenta comme l'auteur véritable du livre.

Il y a sur une page sinon blanche en tête du texte une phrase unique : «Intention : je deviens une meurtrière en répétant par les mots la vie d'autres meurtrières.» De sorte que la narration est nourrie de biographies d'assassines mais aussi de biographies ou autobiographies plus littéraires comme celles du marquis de Sade, de Violette Leduc ou de William Butler Yeats. Kathy Acker, que William Burroughs a qualifié de «Colette postmoderne» et Pierre-Yves Pétillon (dans son Histoire de la littérature américaine, 1939-1989, chez Fayard) com