Au long de l'histoire occidentale, la paix a eu maille à partir avec la guerre beaucoup moins qu'on ne l'admet cependant : une disparition de la seconde n'annonce en rien la victoire de la première mais semble faire la place à un hybride mutant relevant des deux. Puisque le philosophe et le guerrier partagent une même définition de l'homme comme être pour la mort, Frédéric Gros est bien armé pour penser, dans Etats de violence. Essai sur la fin de la guerre, cette situation aussi inédite que périlleuse. Non pas qu'aurait cessé dans ces nouveaux «états de violence» l'échange de mort auquel s'employaient avec un succès certain les bonnes vieilles guerres. Ce qui serait en train de sauter, c'est le cadre éthique, politique et juridique qui leur donnait une rationalité, voire une justification. Editeur des derniers Cours de Michel Foucault au Collège de France, Frédéric Gros est professeur à l'université Paris-XII et a publié des livres remarqués sur l'histoire de la psychiatrie et la philosophie pénale.
Peut-on encore dire que la guerre est «un conflit armé, public, juste», comme l'estimait en 1 597 Alberico Gentilis, mettant d'accord théologiens et philosophes ? Frédéric Gros ne le croit évidemment pas, et passe en revue pour un dernier «baroud d'honneur» les anciennes catégories de la guerre qui sont en train de se défaire devant nous, sous les coups conjugués du soldat high tech, du terroriste et du chien fou des affrontements plus ou moins tribaux. D'un type idéal à l'autr