Un éléphant errant dans la jungle, un crabe irascible qui fait le plancton sur la plage avec mouettes et varech, des anarchistes aux prises avec des sirènes, des haches, des harems, le tout réuni sous le titre délicieusement ironique de Nos animaux préférés... Vous êtes dans le dernier livre d'Antoine Volodine. Après Bardo or not Bardo qui rapportait l'ultime voyage de quelques infortunés au-delà de la mort, Nos animaux préférés raconte les derniers moments de la vie sur terre.
Les animaux ont toujours fait partie de l'univers de Volodine. Dans son monde où le révolutionnaire côtoie le moine en apnée et le chaman à queue de belettes, les animaux jouent un rôle aussi important que dans ses imaginaires d'adoption, ceux de la Russie et de la Chine. Dès ses premiers livres, la nature de certains personnages était délibérément ambiguë et le lecteur ne savait s'il avait affaire à un homme, une blatte ou une tortue. Aussi est-il naturel que Volodine consacre un livre à ses Animaux préférés ; un recueil non de contes mais plus précisément d'«entrevoûtes», genre où «les textes se répondent, se combinent pour former un ensemble harmonieux, tant du point de vue de la forme que du point de vue du contenu, explique-t-il. Nos animaux préférés aurait pu, pour des raisons de commodité éditoriale, être sous-titré "roman". Si l'on essaie de voir par quel trait un ouvrage post-exotique appartient au genre roman, par quel trait il s'en éloigne, on prête alors au genre roman une définition étriqu