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Libération
Critique

Interrogations écrites

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François Bégaudeau, écrivain et professeur de français dans un collège en ZEP, s'est astreint au plaisir d'un récit par jour sur ses heures de cours.
publié le 9 février 2006 à 20h17

En septembre 2003, un homme de 32 ans au visage fin et tout en feuille de nerfs, dont le profil semble découpé et suspendu dans l'air du printemps, décide de noter, à propos des classes de quatrième et de troisième auxquelles il enseigne, une anecdote par jour, dialogue ou histoire. Comme tant d'autres, mais avec une sorte d'enthousiasme muet, presque méchant, il a le sentiment d'être «ici au coeur des contradictions d'une société, au point névralgique, là où ça ne marche plus». Il a aussi la conviction qu'il faut, sans plainte ni mélancolie, le donner à lire. Sa volonté n'est d'écrire ni un «livre de prof, en général réactionnaire et apeuré, ne décrivant que les trains sensationnels n'arrivant pas à l'heure», ni «un essai dans lequel, le plus souvent, le grand absent est la classe elle-même».

François Bégaudeau est depuis neuf ans professeur de lettres, mais il préfère se qualifier de professeur de français : «C'est plus conforme à ma fonction. La plupart des problèmes viennent de la déception. Les nouveaux professeurs pensaient enseigner la littérature et ils se retrouvent ici pour enseigner la langue. Il y a un hiatus à la Ionesco entre la formation et l'expérience.»

Il a d'abord enseigné dans un lycée à Dreux ; il travaille aujourd'hui dans un collège parisien baptisé Mozart, toujours en ZEP. Ses grands-parents étaient paysans ; ses parents, instituteurs. Il fut bon élève. Il a aimé Sartre, Camus, et n'aime plus le second. Sa maîtrise portait sur Faulkner et Claude Simon.