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Libération

Mouvements browniens.

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publié le 9 février 2006 à 20h18

Ces derniers dix-huit mois, les agents de nettoyage de l'Eurostar ont ramassé dans les rames un bon millier de Da Vinci Code abandonnés. Information relayée, dans Livres Hebdo, par l'écrivain Marie Desplechin qui la tenait elle-même de la romancière Régine Vandamme, laquelle l'avait pêchée dans le quotidien belge le Soir du 18 janvier, ce dernier l'ayant sans doute puisée à la même source que les autres journaux qui s'en sont fait l'écho. Marie Desplechin, donc, alerte la France de l'édition et de la librairie sur cet abandon massif du best-seller de Dan Brown et apparemment s'en émeut, puisqu'elle se demande : «Qu'en penser ?» Sa chronique se termine abruptement sur cette question embarrassante. Faut-il croire que désormais les gens jettent leurs livres comme des Kleenex ? Serait-ce que les passagers sont tellement abrutis par leur voyage qu'ils descendent du train en oubliant la moitié de leurs affaires ? Ce serait un grave problème de santé publique. Ou alors ses lecteurs trouvent le bouquin tellement nul qu'ils préfèrent s'en débarrasser. Il faudrait aussi ratisser le ballast pour recenser les exemplaires jetés par les fenêtres, et s'informer du nombre de WC bouchés par la production de Dan Brown.

Mais puisqu'on nous invite à penser, commençons par nous demander qui donc a eu l'idée d'aller compter le nombre de Da Vinci Code traînant sur les sièges. Réponse : la société Eurostar elle-même. Dans un communiqué du 9 janvier, elle affirmait : «Un nombre croissant de nos voyag