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Libération
Critique

Sage comme une image.

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Ce que tapisseries, vitraux, tableaux... disent de l'histoire de la philosophie. Essai d'iconologie.
publié le 9 février 2006 à 20h18

Quel est le statut de l'image en philosophie ? Non pas : comment les philosophes ont-ils pensé l'image (de Platon à Descartes, à quelques exceptions près, ils l'ont regardée de haut ou comme ennemi potentiel, puisque la philosophie se devait de abducere mentem a sensibus, de s'éloigner de tout ce qui vient des sens afin d'appliquer l'esprit aux seules réalités idéelles). Mais : comment l'image a-t-elle «pensé» la philosophie ? Qu'est-ce que l'image de la philosophie (au sens où on dit «la photo du grand-père») révèle de la philosophie, et de son histoire ? Faire correspondre un ensemble de textes aux images relatives à la vie de la philosophie, fixe la tâche d'une iconographie, elle-même prélude à une iconologie philosophique, discipline encore peu assurée qui certainement oblige à des excursions dans l'esthétique mais peut surtout se montrer capable de produire une «autre» histoire de l'histoire de la philosophie. C'est à cette tâche que, depuis des années, s'est attelé Lucien Braun, de l'université de Strasbourg. Il y a dix ans, dans les deux tomes d'Iconographie et philosophie, il a réalisé un premier «inventaire» des images apparues dans le champ philosophique. Aujourd'hui, dans l'Image de la philosophie, il passe à l'analyse des oeuvres elles-mêmes, en décrivant en détail la représentation la plus accomplie de la philosophie, à savoir la Rose de Heinengen (1516), une tapisserie de plus de 22 mètres carrés , brodée de laine, sur fond de toile de lin, par les mains expert