A l'heure des concentrations maximales, dont le dernier acte, cette semaine, est l'avènement de Hachette, racheteur de Time Warner Book, au troisième rang de l'édition mondiale, l'édition continue d'être une aventure artisanale au parfum surréaliste et néanmoins entêtant. A preuve, l'initiative de Pierre Bisiou (41 ans), qui vient de lancer sa maison en la baptisant «Ubu». Un nom bien connoté par la référence à Jarry, évidemment, mais choisi, également, pour «son côté très court, sa sonorité liquide, son palindrome bref et graphique». Avec ce trio alerte de lettres, il tourne définitivement la page, en ce début 2006, sur treize années passées à défendre une maison à l'intitulé autrement long : Le Serpent à plumes.
Bisiou avait intégré en 1992 cette enseigne animée par Pierre Astier et placée sous le signe de D.H. Lawrence, du Quetzalcoalt et des auteurs de l'hémisphère Sud. Il y a assumé la direction de «Motifs», la petite collection de poche, jusqu'en 2004, avant de partir, comme Astier , lors de la reprise du Serpent par Jean-Paul Bertrand, PDG des éditions du Rocher (vendues, depuis, au groupe Pierre Fabre).
Liquidation de la demi-douzaine de salariés, contentieux... Pour la petite équipe du Serpent (malgré la solidarité des auteurs, dont une bonne partie rompaient avec le Rocher), la fracture était cuisante. Bisiou le Breton s'est replié sur la Normandie pour la surmonter. L'absence d'indemnités, dans l'attente de l'aboutissement des procédures entamées aux prud'hommes, ne