De quoi il retourne quand on parle de la mort (annoncée) comme du retour (supposé) de Dieu ? C'est à répondre le plus précisément possible qu'est consacré le dernier numéro (double) de la revue Critique, coordonné par Pedro Cordoba et Alain De Libera. Non pas quel Dieu au seuil du XXIe siècle, mais quelles nouvelles demandes adressent les hommes à celui dont la réponse précède toujours la question. Les hommes, c'est vite dit... Il s'agit ici, en fait, du discours d'une quinzaine de philosophes qui, pour être mâtinés d'anthropologie, d'histoire, de sociologie voire de théologie, n'approchent Dieu, dieu, «Dieu» ou les dieux, que selon l'idée bref de manière spéculative. Qu'il existe ou pas, qu'ils y croient ou pas, ce dieu des philosophes a une forte ressemblance avec le Dieu judéo-chrétien, même quand il évoque, mais pour la forme, l'autre grand monothéisme qui pourtant défrayant la chronique pose problème. De tous les autres dieux, comme des polythéistes, on parlera peu ou point puisque, dit-on, le Dieu unique a changé la donne, ce qui reste à démontrer. Mais il est vrai que s'occuper du sien propre, c'est déjà du boulot, alors que la guerre des dieux est loin de faiblir, voire repart de plus belle.
C'est surprenant mais le mot monothéisme, comme d'ailleurs celui de polythéisme, n'apparaît que récemment, entre la fin des guerres de religion et le début des Lumières. Ces deux concepts balisent, à suivre la généalogie qu'en trace Etienne Balibar, les trois procédures mode