Ce roman étrange à l'écriture sévère et drôle rend compte d'un événement. Mais lequel ? L'intuition que le lecteur en a varie au fil des pages. S'agit-il d'un meurtre, d'un attentat écologique, d'un acte de terrorisme, d'un scandale immobilier ? Les Gens de Chiusa est le deuxième roman traduit en français (après le Mardi de la forêt, Métailié, 2003) d'Andreas Maier, Allemand né en 1967. Il tâche de reconstituer les faits quels faits ? en décrivant juste ce que les protagonistes et les témoins mais sont-ce vraiment des protagonistes et des témoins ? en disent. Son sujet est aussi bien la rumeur, la démocratie, l'opinion publique, mais vues sous un aspect narratif. C'est extrêmement vivant pour une raison particulière : «On aurait pu croire que l'opinion publique n'était rien d'autre qu'une forme de délire.»
Si le texte se présente sous des dehors objectifs, il ne cesse de se perdre en évoquant les interprétations de chacun et en mettant en cause les témoignages qu'il présente et où les personnages ne semblent que répéter ce qu'ils ont déjà pu lire dans les journaux. «Tous criaient en même temps, chacun prenait les positions les plus diverses et personne ne savait de quoi on parlait au juste.» Il est question de tous les grands problèmes qui se posent à la petite ville de Chiusa, dans le Tyrol du Sud, mais le seul élément véritablement éclairci est l'affaire de la chaise. Gasser, semble-t-il le personnage principal, est énervé par celle sur laquelle s'assied désormais s