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Libération
Critique

Disant Duras.

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«Comme elle est loin de Colette!» L'accueil critique réservé à «Lol V. Stein» et au «Vice-Consul».
publié le 23 février 2006 à 20h26

Seuls les Suisses me comprennent, dit Marguerite Duras, interrogée par la Tribune de Genève en juillet 1966. Placé juste avant un entrefilet enthousiaste des Informations dieppoises, l'entretien clôt le «Dossier de presse» du Ravissement de Lol V. Stein (sorti en mars 1964) et du Vice-Consul (janvier 1966). Duras, irréductible, salue le Nouveau Roman, à quoi on ne cesse de se référer à son sujet en disant que ça n'a rien à voir, mais rappelle que la littérature «continue à passer par une personne, elle ne pourra jamais passer par un dogme». Il n'y a pas d'attachement particulier, de la part de Duras, à cette personne en tant que telle. Est-ce à Duras en personne que les critiques de l'époque, s'attaquent, ou s'attellent, comme on le fait aujourd'hui? Pas systématiquement.

«Comme elle est loin de Colette, écrit dans le Monde Jacqueline Piatier, de sa santé, de son équilibre, de sa lucidité, de son goût de la vie, des êtres, de la nature! Il y a quelque chose de morbide, peut-être bien de traumatisé, en elle.» Pierre Lepape, qui aime au contraire le Ravissement de Lol V. Stein, et l'écrit dans Paris-Normandie, analyse plutôt les traumatismes des personnages durassiens depuis la Vie tranquille. Il ne résiste cependant pas (on le comprend) à citer le «Marguerite Durasoir» du Canard enchaîné. Pierre Demeron, dans Candide, s'abrite derrière une définition d'Alain Robbe-Grillet: «l'Edith Piaf du Nouveau Roman».

Le plus délectable, à lire bout à bout éreintements et louanges, c'est l