En décembre 1931, au centre de Moscou, non loin du Kremlin, l'église du Christ Sauveur est dynamitée. En lieu et place, on doit construire un grand palais des soviets. Il n'en sera rien. A la même époque, s'ouvre le chantier de ces palais que seront les stations d'un métro conçu comme une «cathédrale souterraine». Beaucoup plus qu'un moyen de locomotion, le métro de Moscou a été conçu pour être le plus beau fleuron du régime, le mythe même du soviétisme. C'est ce que nous raconte Josette Bouvard, loin des chromos habituels sur «le plus beau métro du monde».
Le Metrostroï, structure créée pour superviser le projet, va profiter de l'expérience des métros déjà existants dans le monde, et ce que l'on sait peu, va s'appuyer sur les contributions de consultants étrangers. L'ingénieur américain Morgan sera même décoré de l'ordre du travail du drapeau rouge en 1933. On compte jusqu'à 13 spécialistes américains, la plupart juifs parlant russe. Parmi les ouvriers étrangers du chantier, bon nombre finiront au Goulag en 1937, année de grande purge. Cependant l'«internationalisme prolétarien» ne semble pas avoir été un vecteur mis en avant dans l'image du métro de Moscou que souhaitaient donner les autorités soviétiques. Chantier du siècle, il se veut un phare du régime, une entreprise modèle.
«Tous à la construction du métro». Le slogan vaut décret. On mobilise les Komsomols et l'on fait en sorte qu'ils descendent dans les puits où l'on creuse les galeries. Le mythe tourne à plein : la je