«L'enfant, porté par son père, effleurait le bras de celui-ci juste au-dessus du coude ; sensation de tendresse animale, toute de délicatesse ; l'enfant ne voulait rien de son père, ne le caressait pas non plus, l'effleurait simplement (24 août 1982).» Ces notations, qui s'achèvent sans point comme toutes celles d'A ma fenêtre le matin, apparaissent dès la première page de ces Carnets du rocher 1982-1987 qui couvrent une période salzbourgeoise de la vie de Peter Handke, quand il écrit le Chinois de la douleur, le Recommencement, Après-midi d'un écrivain et l'Absence, et se terminent «au moment précis où mon enfant achevait sa scolarité». Comme bien d'autres pages de l'écrivain autrichien né en 1942, elles pourraient, selon son auteur, porter comme dédicace : «Pour celui que ça concerne.» Il écrit également dans sa «notice préliminaire» de 1997 : «Et si je devais donner une idée, ici, de ce qui constitue la singularité de ces carnets, je dirais peut-être ceci : des maximes et des réflexions ? Non, plutôt des reflets ; des reflets, involontaires, pour ainsi dire circonspects ; des reflets nés d'une circonspection profonde, fondamentale, et qui veulent osciller à leur tour, osciller aussi, par-delà le simple reflet, si loin que porte le souffle.»
Divers thèmes interviennent, de la Yougoslavie qui continuera à intéresser Peter Handke, à Goethe, Kafka ou Thomas Bernhard sur lesquels il exprime des opinions originales («"L'imitation de Goethe", à mes yeux, est une expression infini