Dans les années 70, l'éditeur italien Franco Maria Ricci, plutôt spécialiste des livres d'art, rencontre Jorge Luis Borges à Buenos Aires et le convainc de venir en Italie. L'auteur de l'Aleph y sera plutôt mal reçu par ses confrères écrivains. Il est alors considéré comme un conservateur, ce qu'il est, et identifié comme un ennemi par une bonne part de l'intelligentsia qui vient de vivre 1968 et ses suites avec passion. Ricci n'en a cure : il propose au conteur aveugle de publier les oeuvres fantastiques qu'il préfère. «On lui relisait le texte pour voir s'il était d'accord. Et il dictait ses préfaces.»
La version française de «La Bibliothèque de Babel», sort en 1977. Elle comporte des merveilles comme l'OEil d'Apollon de Gilbert Keith Chesterton, la Pyramide de feu d'Arthur Machen, des classiques comme Bartleby d'Herman Melville, la Lettre volée d'Edgar Allan Poe... La réédition qui nous est aujourd'hui proposée de cette collection culte débute avec deux recueils de nouvelles : le Cardinal Napellus de Gustav Meyrink et l'Ami de la mort de Pedro Antonio de Alarcon.
Gustav Meyrink est le plus connu des deux, notamment comme auteur du Golem, tiré d'un mythe cabalistique et qui inspira un film de Paul Wegener resté dans les annales du cinéma comme un des tout premiers films expressionnistes et fantastiques. «Le cardinal Napellus», «Les sangsues du temps» et «Les quatre frères de la lune», les autres nouvelles du recueil, sont tout autant imprégnées de la fascination de Meyrink p