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Libération
Interview

La charia avant l'hébreu

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Né à Bagdad, Sami Michael vit à Haïfa et veut retrouver la magie de Jack London. Rencontre.
publié le 23 mars 2006 à 20h43

Haïfa envoyée spéciale

Le quartier du Wadi à Haïfa est un des derniers endroits où cohabitent juifs et Arabes israéliens. C'est là que Sami Michael a installé son histoire et ses personnages. Alex, un juif de Russie, Huda, une Arabe chrétienne qui travaille en ville, sa soeur Mary, enceinte d'un voyou et précipitamment mariée à un garçon convenable. Il y a aussi un grand-père égyptien, incarnation de l'humour et de la tolérance, des voisines envahissantes, des cousins intéressés, une vieille Russe méchante et malheureuse. L'histoire commence en 1982 et se termine quelques mois plus tard, quand l'armée israélienne entre au Liban. Entretemps, Huda et Alex auront eu le temps de tomber amoureux et de faire un enfant.

Comment êtes-vous devenu écrivain ?

J'ai grandi dans un pays, l'Irak, et à une époque où il n'y avait pas de livres pour enfants. Un des premiers livres que j'ai lus, au début des années 30, c'est un roman de Jack London qui se passe au pôle Nord. Je l'ai lu à Bagdad, en été, quand il fait 50°, que tout est en feu. Quand j'ai pris le livre, j'ai senti le froid du pôle, le vent du nord, et je me suis dit : je vais brûler dans la fournaise de Bagdad, et en même temps sentir la glace, c'est de la magie. La première chose que j'ai voulue, c'est être cette sorte de magicien. A partir de là, chaque livre que j'ai lu, je l'ai lu en écrivain. Je savais que ce que je lisais était de la fiction, mais je voulais que cette fiction me convainque qu'elle était vraie. J'ai aussi gran