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Libération
Interview

Andrea Camilleri «Un régime masqué et rampant»

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Italie. Andrea Camilleri, écrivain à succès et figure de l'opposition à Silvio Berlusconi :
publié le 24 mars 2006 à 20h43

Ses polars avec le commissaire Montalbano, flic sicilien courageux mais sans illusion, comme ses romans ironiques sur la Sicile du début du siècle dernier continuent de battre tous les records de vente en Italie. Ecrivain à succès dont deux nouveaux livres viennent de sortir en France (1), Andrea Camilleri, 80 ans, est aussi un intellectuel qui, depuis des années, dénonce haut et fort les dérives de l'Italie berlusconienne.

Comment jugez-vous le bilan de Silvio Berlusconi ?

Il a créé une espèce de régime et j'emploie à dessein ce mot que l'on utilisait pour le fascisme même s'il s'agit dans ce cas d'un régime masqué et rampant. Une énorme quantité de lois ont été approuvées au Parlement en abusant de la question de confiance afin d'éliminer tout débat et en profitant de la majorité dont il dispose dans les chambres. Le régime rampant, ce sont aussi les purges contre des journalistes qui dérangent à la télévision publique ou la censure de certains programmes. C'est aussi l'instauration de lois sur mesure afin d'éliminer de postes clés des personnes qui déplaisent. Comme la loi créée ad personam afin d'empêcher l'ancien procureur de Palerme Giancarlo Caselli de devenir le chef du parquet national antimafia en retouchant la limite d'âge. Aujourd'hui, un vrai nostalgique de Mussolini vote pour Silvio Berlusconi et non pour Gianfranco Fini, le leader d'Alleanza nazionale, le parti issu du défunt mouvement néofasciste.

Comment expliquez-vous le silence pendant des années de tant d'intellectuels ?

Je me considère avant tout comme un narrateur, un conteur d'histoires et moi, comme d'autres intellectuels tels Umb