Le narrateur et héros du livre ne dit jamais son nom, il n'a ainsi pas le souci d'en changer pour qu'on ne le reconnaisse pas, c'est l'auteur tout craché. Les personnages secondaires gardent le leur et les deux autres protagonistes principaux se cachent sous des sobriquets transparents : Charlie Wood, chanteur québécois aussitôt traduit aussitôt trahi (ceux qui ne l'auraient pas identifié auront un indice page 39 : Lindberg), et à la fin du roman arrivera Reinhart, dit Renard, reconnaissable à son franc-parler, son pastis, ses jeans et ses santiags.
Le roman raconte une désintoxication ratée, au coin de Sherbrooke et de Papineau, à Montréal, Canada, dans une clinique de réputation internationale et usurpée. Car c'est un roman, la couverture s'en vante et elle a raison, des noms ont été changés. Et ce n'est certainement pas parce que tout ou partie de ce que raconte David McNeil est vrai, qu'on devrait lui dénier le titre de roman, toutes ces choses, vraies ou fausses, nous sont données pour être lues comme un roman, on ne va pas se gêner.
David, donc, appelons-le David, pochard pochetron, sorti saoul rentré rond, menace sa bonne amie de brûler ses effets si elle le quitte. Elle le quitte. Il fait dans son jardin un bûcher de frivolités. Les voisins appellent les pompiers, la police, David est embarqué, ligoté : «Attaché solidement à mon lit j'entendais l'avocat négocier ma libération : il est curieusement interdit de brûler des habits même s'ils sont presque à vous. Il a propo