Directeur de recherches au CNRS, Luc Brisson travaille depuis plus de vingt aux traductions de Platon. Il revient sur la portée de cette entreprise. Quand est né le projet de retraduction des oeuvres de Platon dans la collection «GF» ?
C'est en 1984 que Louis Audibert nous demanda, à Monique Canto et à moi-même, de travailler au renouvellement des traductions de Platon. Le projet, audacieux, fut avalisé par Charles-Henri Flammarion. Les traductions faites par Emile Chambry étaient de bonne qualité, mais elles comportaient peu de notes. De surcroît, «GF» était la seule collection de poche offrant une traduction de Platon à ce moment-là. Et surtout, les ventes étaient très bonnes. Nous avons été convaincus par les arguments de Louis Audibert, et le succès des premières traductions, en 1987 (le Gorgias par Monique Canto et les Lettres par moi-même) nous encouragea. Ce succès s'expliquait par des raisons d'ordre scientifique, culturel et économique. Nos traductions, notamment par l'intermédiaire des nombreuses notes et des bibliographies, faisaient connaître au lecteur l'état actuel de la recherche sur le sujet. Cette pratique dépassait l'opposition grand public-spécialiste. Il s'agissait de bien dessiner un cadre de lecture et de donner les instruments permettant de comprendre le détail de chaque dialogue. Enfin, publiées en livre de poche, accessibles partout à un prix modique, ces traductions changeaient radicalement la nature de la diffusion du savoir sur l'Antiquité grecque.