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Libération

Rues

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par Olivier ROLIN
publié le 1er avril 2006 à 20h49

Je serais un mauvais chauffeur de taxi (l'un de mes premiers métiers avouables a pourtant été chauffeur-livreur, au volant d'un Tube Citroën bleu et rouge, hors d'âge). Jamais su le nom des rues de Paris. Je veux dire que j'ai du mal à faire correspondre à un nom un tracé sur la carte. Des rues, avenues, etc., j'en identifie quelques-unes quand même, des grandes, des indispensables, des cruciales, Rivoli, Vaugirard, Sébastopol, Saint-Michel, Saint-Germain et quelques autres saints (Jacques, Antoine, Honoré, etc.), mais même Saint-Denis et Saint-Martin, par exemple, il me faut réfléchir un tout petit peu pour me souvenir que la première est à l'ouest du Sébasto et la seconde à l'est (je viens de vérifier sur un plan de Paris au 1/39 000, qui est à peu près la seule chose utile, soit dit en passant, qu'on trouve dans cet almanach que les facteurs s'obstinent à vous fourguer chaque année, orné d'une photo de chaton enrubanné ou de chalet sous la neige). Les Champs-Elysées, je n'irai pas jusqu'à prétendre que je ne sais pas où ça se trouve. Mais l'avenue Rapp ? «Rapp-La Bourdonnais» : je me souviens que ce nom m'étonnait, enfant, regardant Paris filer depuis l'espèce de balcon qu'il y avait à l'arrière des autobus d'alors. Le receveur portait sur le ventre une petite machine à manivelle qui servait à débiter les billets. Il actionnait une sonnette avec ce qui ressemblait à la chaîne d'une chasse d'eau de l'époque. L'avenue Rapp est du côté de mon enfance. Ça fait loin.

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