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Libération
Critique

La maîtresse du mystère

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L'oeuvre de celle qui tint en haleine les auditeurs des années soixante.
publié le 13 avril 2006 à 20h55

Le nom de Germaine Beaumont, pour les adolescents des années soixante, est pour toujours associé au générique d'une émission diffusée chaque mardi soir sur les ondes nationales, les Maîtres du mystère. La musique lancinante qui ouvrait puis refermait le petit théâtre policier offert par cette Shéhérazade trouve aujourd'hui un écho inespéré dans la réédition de romans devenus aussi introuvables que légendaires, ceux d'une femme de lettres excentrique des années trente, plus tard reconvertie en critique émérite de fiction policière, productrice à la radio mais aussi, par le truchement du prix Femina, découvreur de talents (elle soutient Yourcenar en 1968).

Mais reprenons dans l'ordre. Née près de Rouen en 1890, Germaine Battendier est la fille de la romancière et journaliste Annie de Pène, amie de Colette. La jeune Germaine dévore les romancières victoriennes (George Eliot, Mrs. Gaskell), mais se prend aussi d'affection pour des auteurs réputés mineurs comme Wilkie Collins, Mrs Henry Wood ou la prolifique Elizabeth Braddon, qu'elle qualifiera plus tard, à juste titre, d'«étoiles de première grandeur» du roman policier féminin. A la mort de sa mère, Germaine tombe sous la coupe de Colette qui, dès 1920, la présente à son premier mari, Henry de Jouvenel, lequel l'engage au Matin, lui permettant de révéler un vrai talent de conteuse. On retrouve avec plaisir cette verve élégante et surannée dans les petits textes recueillis sous le titre Si je savais et parus à l'origine dans les