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Interview

«Accueillir l'étrangeté de chacun»

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La psychanalyse a-t-elle évolué comme une science? S'enrichit-elle de nouveaux concepts? Qu'en est-il du métier d'analyste aujourd'hui? Entretien croisé.
publié le 4 mai 2006 à 21h07

Née au XIXe siècle, la psychanalyse a pris son essor, malgré crises et schismes, tout au long du XXe siècle, pendant la vie de Freud et après sa disparition. Aujourd'hui, certains ne voient pour elle que l'«illusion d'un avenir». Peut-on dire au contraire qu'elle a encore une force propulsive, qui la pousse à approfondir l'exploration du «réel inconscient» et élargir la gamme de ses concepts ? Pour en parler, nous avons questionné le psychanalyste Jacques Sédat, d'Espace analytique, vice-président de l'Association Internationale d'histoire de la psychanalyse, et Paul-Laurent Assoun, psychanalyste lui aussi, professeur à l'université de Paris-VII, qui vient de publier Leçons psychanalytiques sur le transfert (Anthropos/Economica).

Au bout de 150 ans, peut-on dire ce qu'a été la psychanalyse, ou ce qu'a été «l'événement Freud» ?

Paul-Laurent Assoun. L'«événement», associé au nom propre de Freud, c'est qu'il est devenu problématique d'être dupe de cette part activement insue de soi-même que l'on désigne sous ce terme d'inconscient. L'«événement», c'est que le sujet se trouve désigné comme le lieu de cette duperie qui engage sa propre vérité. Voilà donc une bonne chose de faite, sauf que cet événement-là est sans cesse à revivre et à réapprécier. Il y a quelque chose de chroniquement résistible dans la psychanalyse, car il y a quelque chose de rétif dans ce qu'a mis à jour Freud qui continue à nous repenser. Freud dit croire avoir introduit quelque chose qui occupera constamment l