Après une longue traversée depuis la Nouvelle-Zélande avec ses deux jeunes enfants, Mrs. McDougall débarque à Londres en 1950 avec, en poche, une lettre de recommandation pour Miss Freud. Elle a commencé sa formation analytique à Auckland et eu la chance d'écouter sur les ondes de la BBC Donald Winnicott parler aux jeunes mères. Anna Freud, 55 ans à l'époque, drapée dans d'inimitables robes-chasubles, étonnée qu'on enseigne la pensée de son père dans une université des antipodes alors que ce n'est pas le cas à Londres !, accueille Joyce McDougall comme élève à la Hampstead Clinic (lieu devenu plus tard mythique, qu'elle a fondé en 1951 avec Dorothy Burlingham, y voyant la possibilité d'appliquer les connaissances psychanalytiques à la guidance infantile).
La jeune femme tombait en réalité en plein dans le conflit analytique qui divisait les «annafreudiens» des kleiniens, et de ceux du middle group, les indépendants, qui ne devaient allégeance à personne (c'est dans ce dernier groupe qu'elle se choisira un analyste). Il s'agissait d'une vraie guerre : à la Tavistock Clinic par exemple, premier centre psychiatrique dans lequel la psychanalyse a constitué la référence première (Bowlby, Balint, Bion, Laing et d'autres y ont enseigné), il était interdit de faire allusion à Melanie Klein. On raconte que, lors d'une soirée dans ce haut lieu, voyant une photo de Melanie au mur, Anna Freud l'arracha et la piétina ! La grande affaire à l'époque était d'assister au séminaire de Winnicot