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Libération
Critique

L'automne du patriarche.

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Une relecture éclairante du «Moïse», l'ultime ouvrage de Freud.
publié le 4 mai 2006 à 21h07

Au moment où il fait paraître, au mois de mars 1939 à Amsterdam, l'Homme Moïse et la religion monothéiste, son dernier ouvrage, Freud va sur son 83e anniversaire et il lui reste encore six mois de vie. Cela faisait sept ans qu'il n'avait pas publié de livre. Inattendu, celui-ci provoqua évidemment un grand intérêt initial qui se mua vite, à part quelques éloges embarrassés, en vive incompréhension voire en violentes condamnations, les uns l'accusant d'antisémitisme terminal, les autres se limitant à mettre ses thèses sur le compte des ravages provoqués sur la psyché de l'inventeur de la psychanalyse par la maladie et la sénescence. Certains y ont lu l'ultime rupture avec le judaïsme, alors qu'il eût fallu faire corps face à la destruction des Juifs d'Europe qui se dessinait déjà, d'autres, moins nombreux, un paradoxal retour à ses racines sinon à la foi des ses Pères. Psychanalyste et professeur de littérature à l'université de Montpellier, Henri Rey-Flaud a rouvert ce dossier dans «Et Moïse créa les Juifs...». Le Testament de Freud. Loin d'un texte raté qui aurait dépassé les intentions d'un vieillard désormais incapable de maîtriser son sujet, l'Homme Moïse et la religion monothéiste serait tout simplement l'inépuisable livre testamentaire du Maître.

Faisant fond plus sur sa théorie psychanalytique que sur une histoire, il est vrai largement légendaire, Moïse et le monothéisme est à lire comme une «construction mytho-logique», selon Henri Rey-Flaud, à l'instar de certains d