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Libération

Nouveaux visages du petit Hans.

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Trois psychiatres de Sainte-Anne expliquent leur relation à l'oeuvre freudienne.
publié le 4 mai 2006 à 21h07

Que reste-t-il de Freud dans la pratique d'un psychiatre déterminé par la psychanalyse ? Comment le pessimiste Viennois habite-t-il les gestes, les pensées, l'écoute qu'on développe un siècle plus tard face à ses patients ? Est-il une référence obligatoire mais obsolète ? Ou continue-t-il d'imprégner ceux qui l'ont lu un jour et n'ont jamais fini de le relire dans la souffrance des autres ?

Marie-Odile Pérouse de Montclos, chef du service de psychologie et psychiatrie de l'enfant et l'adolescent à l'Hôpital Sainte-Anne, en est imprégnée. Elle se souvient d'avoir lu Psychopathologie de la vie quotidienne à 13 ou 14 ans. Sa famille trouvait cette lecture horrible, elle en sourit et n'aime pas en parler, ce n'est qu'une anecdote et les psychiatres aiment peu les anecdotes. C'est une longue femme élégante et soignée. Les angles de son visage sont adoucis par un regard souriant ; il en émane une consolation possible, mais sans complaisance ; elle répond en écoutant avec une courtoisie thérapeutique.

Le service compte 13 psychiatres. 1 800 enfants passent ici chaque année. Il n'y a pas de lits. De consultations en activités de groupe, on suit les psychoses, l'autisme, toutes sortes de pathologies. On les suit dans un contexte social que les psychiatres passés par l'analyse perçoivent comme chaque jour plus hostile : la société veut des normes et des prévisions de comportement, des certitudes et des résultats rapides. La première trace laissée par Freud est de rappeler que ça ne marc