Contrairement à ce que croyait Peter Carey avant de partir Au pays des mangas avec son fils Charley, 12 ans, si les Japonais se sont mis à dévorer des bandes dessinées après la guerre, ce n'est pas à cause de l'absence de télévision. Les mangas, et aussi les «anime» (cartoons), trouvent leur origine dans les images ambulantes du «théâtre de papier», le kamishibai. Peter Carey aurait préféré se cantonner à l'association manga et kabuki. Il aurait aussi espéré se servir des mangas comme passerelle entre le Japon clinquant et ses auteurs de prédilection, Tanizaki ou Basho. Il a tendance enfin à lire systématiquement dans les films d'animation les plus futuristes le traumatisme ineffaçable de la bombe atomique.
Ce récit nippon, où ne manquent ni les poissons crus, ni les téléphones portables, pointe les erreurs que commet l'Occidental de bonne volonté. «Faites attention, connaître à moitié est quelquefois bien pire que ne rien connaître du tout», dit Kosei Ono, dessinateur et critique. Le fait que Saya soit le nom de la manieuse de sabre dans Blood : the Last Vampire, et en même temps veuille dire «fourreau», ça n'a rien à voir. En compagnie de l'auteur d'Oscar et Lucinda, dont la notoriété ouvre les portes des studios, nous assistons à un entretien avec Yoshiyuki Tomino. Si celui-ci montre des enfants tout-puissants dans son film Mobile Suit Gundam, ce n'est pas par un désir de réparation, pour consoler les victimes de la Seconde Guerre mondiale. C'est pour rappeler que les enfa