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Interview

De la suite dans les idées fixes

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Comment exploser narration et personnages.
publié le 11 mai 2006 à 21h11

à Marseille

Cavale est un livre sur la confusion mentale...Oui, il y a deux thèmes fondateurs pour moi. L'un est l'adolescence comme moment de passage à l'acte. C'est Jeanne Darc et Antonia Bellivetti, en particulier. L'autre grande question, liée, est celle de la fabrication de la pensée. Qu'est-ce que penser ? Comment rendre compte de la pensée, comment elle vient et se forme, qu'est-ce que le mentisme, la confusion mentale, comment on peut aller contre celle-ci ou la fixer... C'est presque une question valéryenne, posée en particulier dans l'Idée fixe et Monsieur Teste. Dans ma première période, il y a quinze ans, mes textes ne parlaient que de la pensée, de manière «nonsensique», à travers la platitude, le pince-sans-rire.

Depuis deux ans, vous avez abandonné la forme poétique pour travailler le roman. Antonia Bellivetti pervertissait le genre «la marquise sortit à cinq heures» mais Cavale explose narration et personnages...

La prose littérale, c'est forcément une prise de position, et cela avait beaucoup d'implications dans le champ poétique de l'époque. J'ai continué à la travailler, la transformer, mais, même si c'est en sourdine, elle demeure, en pratique, dans mon écriture. Puis est venu un moment où j'ai senti que je me privais. Bien sûr, je savais depuis le début que je me privais volontairement d'un certain nombre de registres qui m'intéressaient chez les autres, mais je ne voyais pas la nécessité de les aborder pour ma part. Il arrive pourtant un moment où cette pr