Un seul livre sur un seul tableau. Une petite (par la taille) toile de Rembrandt, les Pèlerins d'Emmaüs, oeuvre de jeunesse (le peintre avait 22 ans) conservée à Paris au musée Jacquemart-André. Pour goûter la saveur de cette exclusive, il est plaisant de s'y rendre soi-même. Dans la pénombre d'un boudoir, on peut alors revivre la découverte et l'étonnement dont Max Milner écrit en introduction qu'ils furent les bons génies de son entreprise. Découverte d'abord de l'existence même de ce tableau, surplombé in situ par un Van Dyck intimidant et encadré par deux autres Rembrandt sévères : un portrait d'Amalia van Solms et un autre du docteur Tholinxs. La première semble surveiller le petit Emmaüs, le second, nous fixant, s'en foutre. Etonnement ensuite que le tableau du Jacquemart-André soit aussi différent que le tableau plus connu de Rembrandt, exposé au Louvre, qui, vingt ans plus tard (1648), représentait la même scène. Pour résumer grossièrement, disons que la première traduction est sombre, la seconde, lumineuse. Le livre de Milner est le roman gracieux de cette obstination, quasiment le polar de ses aventures. Car outre les deux versions citées, Rembrandt exécuta quantité d'autres dessins et gravures sur le même thème. Et il n'est pas seul dans son «acharnement», puisque pratiquement tous les peintres de l'âge baroque se sont essayés à la représentation du repas d'Emmaüs, parmi lesquelles, celles du Caravage (homosexuée mais pas seulement) ou de Véronèse (façon dîner de
Critique
On ne voit que ce qu'on croit
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par Gérard Lefort
publié le 11 mai 2006 à 21h11
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