Quelle meilleure occasion de renouer avec Michel Butor ? On fête ses 80 ans, qu'il aura le 16 septembre, fils d'un employé des chemins de fer qui aurait rêvé d'être peintre, et pratiquait la gravure sur bois. Les Editions de La Différence entament avec deux volumes somptueux la publication des oeuvres complètes de Michel Butor, Butor comme un drôle d'oiseau, qui se réappropria son propre nom comme si c'était un pseudonyme, et le métamorphosa en sphinx de délicatesse. Dix autres volumes vont suivre (et davantage si on adjoint les entretiens). Ils sont classés par genre. Butor n'écrit plus que de la poésie, et c'est par là qu'il a commencé, mais il a accompli sa vie d'écrivain à l'intérieur d'un triangle dont les autres côtés sont les essais et les romans. Il a tellement écrit (dans le circuit habituel, et, hors commerce, des livres d'artistes) que son catalogue personnel franchit aujourd'hui le cap des 1 400 titres, précision donnée par Mireille Calle-Gruber qui introduit de chantier en expansion. On lira dans Michel Butor, le dialogue avec les arts, l'analyse d'un autre fidèle butorien, Lucien Giraudo (1).
Premier tome : les romans. Premier roman : Passage de Milan, une nuit dans un immeuble parisien (Minuit, 1954). «Le plus important pour moi, c'était de construire un espace, dira Michel Butor. Le récit glisse continuellement d'un étage à l'autre et, dans le même étage, d'une pièce à l'autre.» Circulation et déplacement, mouvements clés de