Les libraires sont au regret d'annoncer qu'ils interrompent provisoirement la commercialisation des romans. D'abord, rien ne va vraiment se vendre jusqu'à la sortie du prochain Christine Angot. Ensuite, et c'est presque plus embêtant, une arrivée massive d'évangiles en tous genres va mobiliser tables et rayons au moins jusqu'à l'automne. Pour Benjamin Constant, repassez donc en décembre.
Ce sont des évangiles religieux et/ou politiques qui déferlent, chacun professant une foi qu'il s'agira d'apprécier à l'aune de l'argumentation sinon de la qualité du style. Commençons par le plus facile. Sauf à résider sur Callisto, discret satellite de Jupiter, vous n'êtes pas sans savoir que la déclinaison cinématographique du Da Vinci Code vient heurter les écrans cette semaine. D'où nouvelle avalanche d'ouvrages plus ou moins ésotériques autour de la vie de Jésus, avec en cadeau bonus l'évangile de Judas (le texte récemment «révélé» par National Geographic) et son cortège d'analyses, secrets et variations classiques sur le thème. Les chrétiens ont de quoi devenir dingues et d'ailleurs il semblerait que cela commence : le dernier numéro du Pèlerin fait sa manchette sur «Les contrevérités du Da Vinci Code». Sans doute viennent-ils de recevoir le bouquin. L'évangile politique est moins mystérieux, plus contemporain. Avec Devoirs de vérité (Stock), François Hollande et son sparring partner Edwy Plenel livrent un texte haletant. Plenel, la moustache frémissante : «S'il n'a rien d'exceptionnel